Les saisies / Les attaques

Notions fondamentales et vision en Aïkido...

NOTIONS FONDAMENTALES

L’origine, le sens et la nécessité de la saisie dans la pratique de l’aikido, ainsi que les attaques très conventionnelles que l’on exécute, sont très souvent mal compris et font l’objet de questions ou de remarques, justifiées d’ailleurs si l’on ne voit dans l’aikido qu’un système de défense à maîtriser en quelques semaines, dans lequel la notion d’attitude, de geste pur, de recherche intérieure, de voie, en un mot, est totalement absente.

L’origine de la saisie et des attaques, fait toujours référence au sabre : Au contrôle du bras qui l’utilise pour les saisies ; aux diverses formes de coupe qui lui sont propres pour les attaques de base.

Les déplacements, les formes de corps, les mouvements eux-mêmes en portent l’empreinte, tant son usage et son symbole ont été importants dans la société japonaise.
Au tout début, la saisie est uniquement une action figurant une attaque. On pratique «départ arrêté» et l’enseignement se fait par rapport à cette saisie. Celle-ci doit être neutre ; c’est-à-dire sans exercer une force quelconque dans un sens ou un autre. Le partenaire s’applique à tenir le poignet, le Kimono, ou toute autre partie du corps, dans une position correcte et sûre, de façon à pratiquement servir de «point de repère» à son camarade débutant. Celui-ci doit donc bouger par rapport à cette saisie, suivant bien sûr un enseignement et une progression appropriés.

Etant seul à bouger par rapport à son repère, l’exécutant doit s’efforcer de trouver ou de corriger sa distance et son placement, en fonction de la technique à effectuer. Les mouvements d’aikido étant relativement naturels, il ne doit pas se retrouver en déséquilibre, complètement contorsionné, ou dans des positions impossibles qu’il aurait donc créées lui-même : son partenaire étant parfaitement neutre. A ce stade là, on ne s’investit pas vraiment dans l’attaque et celui qui exécute le mouvement en est encore à ses premiers pas sur le tatami. Cette approche simple et concrète permet d’acquérir les notions de base élémentaires auxquelles on pourra se raccrocher continuellement par la suite. Ça n’est pas encore l’aikido au sens profond du terme et, finalement, on apprend à bouger seul, le partenaire n’étant là que pour aider, avec un rôle volontairement passif.

Vu la complexité des techniques d’aikido, il n’est pas possible de travailler de suite sur des «attaques surprises» : non conventionnelles. Elles entraîneraient un blocage, ne feraient ressortir que des réflexes de refus ou d’agressivité. Les notions de centre, de geste pur, d’attitude juste, seraient perdues.
Par la suite, le partenaire prend de la distance et sans en être encore au stade de l’application, ses attaques partent de plus loin. Il imprime un certain dynamisme. Là seulement, l’aikido commence à se pratiquer à deux et les notions d’instant, de distance et de rythme commencent à naître.
A ce stade, les saisies et les frappes doivent être étudiées comme étant des directions : de haut en bas, directes, sur le côté, par derrière, etc.

Peu à peu, ces attaques, à force de pratique et de rigueur deviennent de plus en plus rapides, prennent un «certain poids» et même si, comme le font remarquer certains : «On ne nous attaquera pas comme ça dans la rue», il n’en reste pas moins qu’elles sont à un certain niveau plus redoutables que celles de la rue tant elles sont épurées, partant des hanches, fermes, sans appel ni raideur, obligeant celui qui doit les contrôler à davantage de maîtrise. Mais là n’est pas la question et encore moins la réponse. Le budo est un combat contre soimême et pour les autres ! Pas contre, même si accessoirement la confrontation fait partie du lot.

La saisie induit également pour le pratiquant chevronné une sensation très particulière. Elle permet de refermer la main non pas sur un poignet mais sur une entité globale. La paume en contact complet, on verrouille sans serrer en force. Les hanches et toute notre sensation passent à travers la saisie qui vise à contrôler le partenaire jusqu’à son centre, lui permettant par là-même de recevoir et d’utiliser, s’il en est capable, tout ce qu’on lui donne. Matérialisé par la saisie, l’échange est concret, plus direct, plus fort de relation et d’enseignement qu’une parodie de combat avec feintes, coups bas, fausses attaques n’atteignant jamais leur but.

Commencer par des saisies statiques, puis en avançant d’un pas, et accélérer progressivement, en définissant des directions bien claires au niveau des attaques, est le meilleur moyen de s’accoutumer peu à peu à celles-ci ; de les pressentir, de les aspirer, voire même de les susciter et surtout d’en saisir l’origine. Bien que la rapidité soit essentielle, elle n’est pas forcément fonction du réflexe et de la vitesse.

Les notions de temps et de rythme sont plus subtiles. Lorsqu’on est bien concentré et en relation avec le centre de l’adversaire, on doit être capable de saisir son rythme et même de l’amener dans le nôtre. Sentir l’instant, permet d’être, comme lui, à l’origine de l’attaque, donc du mouvement ; de piquer dessus physiquement et mentalement (irimi), et au point de contact physique ou relationnel par rapport à la vitesse et la distance (maai), bouger avec lui et dans le même sens (tenkan). Cette aptitude à pointer et fermer un triangle imaginaire sur un point précis de l’attaque de l’adversaire, puis d’ouvrir (ou pas) au moment opportun est le secret de la vision en AÏKIDO. Cela demande, bien sûr, une très longue pratique, de la rigueur, des partenaires et un enseignant de qualité, particulièrement bien formé, plus présent sur les tapis que dans les hautes sphères de la métaphysique.

Mais, et c’est ce qu’il importe de bien comprendre, cette sensation est justement très tangible sur des saisies telles que katate dori par exemple, dans la mesure où les deux protagonistes ont une position hammi correcte. Le point de contact est à ce momentlà, la pointe de deux triangles inversés dont les points de base sont les hanches et les deux centres en relation directe.

A un degré supérieur, il ne doit plus y avoir de différence entre une attaque sur un pas en katate dori et chudan tsuki ou mae geri. L’origine du mouvement, la direction, le point visé étant les mêmes. Seule la vitesse et l’appréhension que l’on peut avoir par rapport à ces attaques nous font commettre des erreurs. Mais si l’on a pratiqué correctement sur les saisies de base ; que l’on a ressenti physiquement, avec exactitude, les différentes directions, et qu’à force d’entraînement cette accoutumance génératrice d’une certaine vision, confortée par cette relation directe de centre à centre avec le partenaire intervient, on ne fait plus de différences entre des attaques conventionnelles ou non.

VISION

Développer une vision claire et précise d’une attaque, d’un mouvement, d’un ensemble de mouvements, d’une action en général, est l’un des aspects dominant de la pratique du budo.

On ne peut pratiquer un aiki juste, serein, et en toute sécurité sur n’importe quelle forme d’attaque rapide, que si l’on a développé cette vision. Sinon, on se trouve toujours dans un rapport de vitesse et de réflexes qui sont forcément limités. Toutes les techniques d’aikido doivent amener, si elles sont correctement effectuées et abordées avec une pédagogie appropriée à cette vision. Lorsque j’emploie le mot vision, il ne s’agit pas seulement de «voir» avec les yeux, mais plutôt de ressentir et de savoir regarder l’essentiel, sans chercher spécialement à saisir telle ou telle fraction du mouvement. La vision doit être globale, partant de l’essentiel et de l’origine du mouvement, sans toutefois regarder ni être «pris» par un point précis.

Chaque maîtrise a sa propre vision. Plus ou moins développée suivant la finesse de l’art. C’est ainsi que le peintre ou l’architecte aura immédiatement et sans calcul, la vision exacte de la perspective ou du volume. Le musicien celle du rythme. Le bricoleur, lui, verra dans l’instant tous les pièges à déjouer pour réaliser ce qu’il désire.

En aiki, à technique égale, c’est le degré de cette vision qui fera la différence entre deux pratiquants.

Imaginez quelqu’un qui se place juste à côté des rails pour regarder un rapide. Il est très très près, mais ne voit rien, ne contrôle rien.
Pas même son regard qu’il ne peut fixer. Si ce même personnage, se place à quelques centaines de mètres, le train pour lui, se déplacera alors dans un champ beaucoup plus vaste. Il pourra contrôler son regard et voir clairement : au ralenti. Il pourrait même prévoir un virage ou un accident s’il y avait un obstacle sur la voie. S’il s’agissait d’une attaque en tsuki par exemple, et si à force de pratique (car l’accoutumance est la première étape de la vision) il arrivait à saisir le sens du rythme, de la distance, et de l’aiki, c’est-à-dire de la prise et de l’harmonisation du kl, à ce moment-là il pourrait agir sur celle-ci et la contrôler au moment opportun, sans précipitation, sans heurt.

Par la suite, et en reprenant l’exemple du train, on peut supposer qu’à un degré supérieur de vision, il ne faudra plus se placer à un point précis par rapport au train, donc au mouvement, mais être à l’intérieur de celui-ci, faire partie du mouvement et pourquoi pas en être l’origine, pour que celui-ci bouge à votre rythme, sans rapport de vitesse.

Bien évidemment, cette vision ne se développe qu’au même rythme, et qu’à condition que se développent parallèlement d’autres constantes de la voie, que sont l’attitude juste, la sensation, la relation des centres, le geste pur, la distance relative, etc...
C’est la pratique assidue, rigoureuse, calme et sans précipitation qui permet d’accéder à une vision claire. Il faut commencer doucement.

Dans un premier temps lorsqu’on apprend les techniques de base, il n’y a pas d’action de la part du partenaire. Il est neutre. Le mouvement ne commence qu’après la saisie, départ arrêté. Il n’y a que vous qui bougez initialement et uniquement par rapport à sa position.

Par la suite, l’attaque devient dynamique. Il faut bouger ensemble, ne pas casser l’action, appliquer sans cesse les notions d’irimi et de tenkan : Saisir la fin de l’un qui est l’origine de l’autre, etc.

Enfin, il faudra créer l’action, ou, tout au moins, la dominer dès le début, en essayant de ressentir l’essentiel : c’est-à dire son origine.

Prenons jodan tsuki par exemple. Soit vous créez l’attaque de l’adversaire en anticipant sur celle-ci, en la rendant nécessaire et inéluctable. Suivant votre aptitude à fermer et piquer dans le coeur du mouvement (irimi) ou à ouvrir au moment précis (tenkan) l’attaque deviendra protection et s’engouffrera dans la brèche que vous avez ouverte. Vous amènerez alors l’adversaire dans le sens désiré, le faisant bouger à votre rythme et à votre vitesse.

Soit l’ordre donné par le cerveau est déjà parti et vous ressentez l’attaque par étapes successives : Les hanches, et vous bougez à partir de cet instant, corrigeant immédiatement à votre avantage, la distance relative ; l’épaule, et vous suivez en l’accompagnant pour en changer la direction, la détente du poing, à son rythme, à sa vitesse, qui devient alors votre rythme, votre vitesse.

Soit vous n’avez aucune vision et vous n’intervenez que lorsque l’épaule a déjà bougé et que le poing se détend. Là, vous êtes dans un rapport de vitesse et de réflexe, complètement à l’extérieur du mouvement et sans relation avec son origine. Etre dans un rapport de vitesse est déjà une bonne chose, mais ne permet pas encore de saisir le sens d’ai-kl.

Bien sur, cette notion de vision ne peut être rendue, ni démontrée en photos. Néanmoins, il est nécessaire de tenter de l’expliquer simplement pour faire savoir que cela existe et que l’aikido n’est pas qu’une gesticulation, plus ou moins bien ordonnée, s’appuyant sur des notions de réflexe et de coup d’oeil.

Il ne faut pas non plus croire que cela s’acquiert facilement, il faut pratiquer et s’exercer longuement, avec divers partenaires, dans un but de recherche et de progression. Savoir enfin accepter avec clairvoyance la sanction de l’erreur.

C’est cette sanction immédiate de l’erreur qui donne au budo, en tant que support dans l’étude de la voie, toute sa dimension. C’est ainsi que O SENSEI disait «qu’il entreprenait chaque action de sa vie avec un coeur neuf, comme si c’était la première et la dernière».

On comprend alors chez l’homme de voie, ce que cela peut comporter comme relation d’attitude juste au moment juste, de présent constant, de pureté, de non futilité et de relations morales.
 
Francisco Campelo

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