Militaire ou martial

Dans le sens Budô du terme...

Militaire ou martial
Ce n’est pas toujours facile de faire la différence, et encore moins d’expliquer ce qui différencie ces deux adjectifs. Et pourtant, nous avons plusieurs exemples dans notre club, de gens sincèrement objecteurs à l’armée, et qui ont pourtant donné et reçu des arts martiaux pendant des dizaine d’années. Je ne parle pas de moi, j’ai porté le fusil pour l’armée suisse sans trop me poser de questions, ou alors, j’en sais assez sur les deux adjectifs cidessus pour me les poser aujourd’hui...

Une des principales différences est que le pratiquant d’arts martiaux est responsable de ses actes alors qu’à l’armée, l’entraînement porte principalement sur l’obéissance aux ordres. Dans certaines armées, plus celle-ci est aveugle, mieux c’est.

Pour en revenir à nos activités du SDK, je soumets à votre sagacité le petit problème suivant:

Lorsqu’on veut stimuler la fibre compétitive des jeunes pratiquants, on les pousse physiquement et on punit les derniers de 20 pompes. Ca leur fait les biceps, me direz-vous, et avec raison. J’ai moi-même eu cette attitude quand j’étais entraîneur de la section Judo (années 80). Il n’en reste que cette attitude est plus militaire que Budô. J’utilise ici le terme Budô, car c’est ce que nous faisons. Martialement parlant (Bujutsu) les derniers seraient en plus privés de boissons et de nourriture pour quelques jours, juste pour leur faire les pieds, en plus des biceps... Mais l’attitude Budô devrait aller plus loin ou tout au moins dans une autre direction. Pour mieux vous faire comprendre mon propos, permettezmoi un petit exemple caricatural: une petite fille de 10 ans, un peu enveloppée, pas très féminine, décide de tenter le Jûdô, par exemple. Elle a bien de la peine à suivre, c’est assez physique. Et à chaque course à travers le Dôjô, elle arrive, essouflée, belle dernière. Les 20 pompes seront pour elle. Et cela, entraînements après entraînements. Elle qui a déjà le courage de venir aux entraînements sachant qu’elle va souffrir, se retrouve «punie» à chaque fois, exposée à la risée des autres. Je pense au contraire qu’une telle personne devrait être encouragée avec bienveillance et chaleur humaine (JIN), et récompensée avec des compliments pour l’effort plus important fourni. Voilà, c’était juste pour parler de cette différence entre deux adjectifs...
 
Pascal Krieger

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